Dakar : patrimoine en péril face à la frénésie immobilière
Par Ben Sambe, blogueur, chroniqueur, webmaster et community manager
Au cœur de Dakar, la capitale sénégalaise, les témoignages de son histoire s’effacent peu à peu, victimes de l’appétit insatiable des promoteurs immobiliers. Une vidéo publiée par France 24, avec un reportage signé Sarah Sakho, Aminatou Diallo et Simon Martin, lève le voile sur cette transformation radicale. Ce document poignant, que je vous invite à visionner en suivant le lien en description et en commentaire, met en lumière les dangers qui guettent le patrimoine architectural de Dakar.
Une balade dans la mémoire de Dakar
Le reportage nous transporte au Plateau, cœur historique de la ville, où Carol Diop organise des visites architecturales. Ces balades, qui passent en revue 15 édifices aux styles variés (néoclassique, brutalisme), permettent de prendre conscience de la richesse – et de la fragilité – du patrimoine dakarois. Pourtant, depuis les années 2000, sous une pression foncière croissante, des bâtiments emblématiques disparaissent les uns après les autres.
L’État et la protection en question
Le cas du marché Sandaga, datant des années 1930, illustre bien ce phénomène. Sacrifié pour des projets modernes, il symbolise une priorité donnée au développement économique au détriment de l’héritage culturel. Une enseignante interrogée dans le reportage s’indigne : « L’État est responsable de la démolition de certains bâtiments. Se rend-il compte qu’il détruit son propre patrimoine ? Je doute. »
Le problème n’est pas seulement l’absence de volonté politique, mais également un dispositif de protection des bâtiments classés trop fragile. Carol Diop pointe le fait que déclasser des édifices est devenu une procédure banale, souvent motivée par des intérêts financiers.
Un espoir à Saint-Louis ?
Malgré ce sombre tableau, un rayon d’espoir apparaît à 270 km au nord de Dakar. À Saint-Louis, l’île classée au patrimoine mondial de l’UNESCO bénéficie d’un programme de développement touristique soutenu par l’État et des bailleurs de fonds. Cependant, les initiatives à Saint-Louis restent une exception qui peine à répondre à l’ampleur des pertes patrimoniales au niveau national.
Une critique nécessaire
Ce reportage soulève plusieurs interrogations sur la gestion du patrimoine au Sénégal. Pourquoi l’État, garant de la mémoire collective, accepte-t-il que des bâtiments historiques soient sacrifiés au profit d’intérêts privés ? Et surtout, où est la mobilisation citoyenne face à cette perte irréversible ?
La disparition du patrimoine architectural n’est pas un simple problème esthétique ; c’est une amputation de l’histoire et de l’identité culturelle du pays. Il est essentiel que les citoyens, les experts et les autorités collaborent pour protéger ce qui reste, avant que l’histoire de Dakar ne soit reléguée à de simples souvenirs.
Pour mieux comprendre ces enjeux, je vous encourage vivement à regarder la vidéo de France 24. Elle offre un éclairage précieux sur les défis et les espoirs liés à la préservation du patrimoine sénégalais.